99th Infantry Bn Mountain Troops

Arrivée de bonne heure sur la très touristique et enneigée route des crêtes dans les Vosges (cette ancienne route militaire, marquait la frontière de 1870).

J'espérais qu'il y est au moins 15cm de neige, nous voila avec plus de 40cm et nous avons fait l'erreur de limiter certains équipements. Il faut dire que nos sacs sont déjà très lourds, trop lourds, plus de 20kg. Nous partons en autonomie complète, tout est là entassé dans les sacs surchargés : sac de couchage, tentes, poncho, gamelle, réchaud, nourriture, matériel de montagne...

Chose rare dans l'armée US, la logistique n’a pas fournit des peaux de phoques en quantité suffisante. Au bout d’un km, la progression devient épuisante, nous sommes déjà trempés de sueur et encore si loin du but…

Les skis sont rapidement abandonnés, la progression reprend mais à chaque pas nous nous enfonçons jusqu’aux cuisses dans la neige. Le poids des sacs se fait de plus en plus sentir et le froid ne suffit plus à anesthésier nos épaules douloureuses !

Derniers mètres dans la forêt, on entend déjà le vent qui siffle sur les hauteurs dégagée, heureusement pour nous, la neige est balayée et les pentes du Hohneck ne sont plus recouvertes que par une fine couche de glace.

L’humidité sur nos tenues gèle instantanément, le vent à plus de 80km/h et les temperatures négatives brulent notre visage. À chaque arrêt nous nous refroidissons très rapidement.

Rémi regrette de ne pas faire de sport plus régulièrement et Harry T. Kelly est bien maladroit avec ses Mountain Boots à semelle lisse! Une brève instruction sur l’utilisation du piolet est dispensée mais cela ne l’empêche pas de tomber plusieurs fois. La couche de glace étant fine et les pentes sur ce versant douces, nous ne nous encordons pas. De toute façon la corde en chanvre est totalement gelée…

Il faudra attendre les 50 derniers mètres de l’ascension pour voir émerger du brouillard l’hôtel qui se trouve au sommet du Hohneck. Pour la vue sur les Alpes, il faudra repasser !
Une vielle borne frontière et des plaques commémoratives sont les témoins des conflits passés…
Nous avalons rapidement notre repas et éviter de geler sur place.

Une ascension n’est achevée que lorsque les alpinistes redescendent au point de départ…
Nous allons vraiment comprendre le sens de cette phrase lorsque la chaussure de Rémi se disloque alors que la descente n’est à peine entamée. Le cuir n’aura pas résisté et Rémi devra continuer la progression avec un pied trempé et gelé par la neige qui rentre dans sa chaussure… Il serrera les dents et continuera sans rien dire malgré la souffrance…Bravo pour cette leçon de courage !
La descente est longue surtout pour Rémi qui sent de moins en moins son pied mais nous n’avons pas d’autres choix que de continuer. De retour à l’abri du vent dans la forêt, nous cherchons un endroit adapté pour le bivouac.

Les skis et toiles sont rapidement positionnés pour permettre à Rémi de s’assoir et réchauffer son pied. Pendant ce temps, nous préparons l’abri. Nous ne disposons que d’une pelle pour aménager un abri pour 3 dans 40 cm de neige… Heureusement la neige est dure et nous découpons des blocs entiers à l’aide des piolets.

Nous nous activons pendant 2h pour fournir le plus rapidement possible un abri à Rémi qui n’arrive pas à se réchauffer…




Nous sommes trempés, l’abri n’est pas bien isolé et il continue de neiger. Nous rentrons vite les affaires avant qu’elles ne soient ensevelies.

Après un allumage capricieux, le Coleman nous fournit un potage et un bon repas chaud. Il n’est que 4h de l’après midi, et pourtant nous nous refugions dans notre abri pour une longue nuit qui ne sera interrompu que par nos nombreuses sorties pour aller nous soulager dans le froid !
Nos habits trempés et les températures qui chutent nous empêchent de vraiment nous réchauffer mais l’ambiance est bonne et nous discutons longuement.

L’abri est mal isolé, il y a des trous importants … au moins le risque d’asphyxie est nulle ! Et comme si cela ne suffisait pas, les chutes de neige provoqueront l’affaissement d’une partie de l’abri au dessus de Harry T. Kelly qui nous sortira de notre torpeur parce son sac de couchage était recouvert de neige. Une gouttière se formera juste au dessus de moi. Mon duvet déjà bien dégarni, une fois mouillée ne sera plus très efficace. Seul Rémi n’aura pas de mauvaise surprise et pourtant il dort contre un mur de neige !

Les bougies réchauffent peu l’atmosphère et il gèle maintenant à l’intérieur de l’abri… La nuit est longue et nous nous assoupissons par courte période. Les tenues glissées dans le sac de couchage sèchent très mal…

Le lendemain, la neige qui continue à tomber ne nous encourage pas à sortir notre nez dehors. Les températures ont un peu chutées et nos parkas humides gèlent à nouveau.




Après avoir avalé rapidement notre petit déjeuné, l’abri est démonté, les sacs chargés mais les toiles de tentes rigides comme du carton ne rentrent plus dedans. Nous décidons de confectionner un traineau de fortune pour transporter une partie du matériel.

Le matériel chargé d’humidité est lourd mais contrairement à la veille où nous ouvrions la voie, l’itinéraire est praticable ! Retour au point de départ et il est temps d’arriver car nous n’arrivons toujours pas à nous réchauffer !

Ce fut un très bon weekend riche d’enseignements ! En montagne la moindre erreur se paye très chère ! Nous l’avons vérifié à nos dépends ! Le matériel tout comme nous, a été mis à rude épreuve !
La montagne ca vous gagne mais c’est surtout l’école de l’humilité !
Une expérience très riche et même si chaque instant n’a pas toujours été un pur moment de bonheur, nous avons passé un très bon weekend sur ce modeste sommet … Vosgien !

Avis aux amateurs de troupes de montagne pour la 3ème édition !

Climb to glory !



Harry T. Kelly, Rémi Martin & François Claudel