Avant de devenir l'un des plus jeunes généraux de l'US Army durant la WWII, l'un des plus décoré et surtout, le père fondateur des First Special Service Force, Robert Tryon Frederick a écumé les postes aux quatre coins des Etats Unis avant la guerre. En septembre 1940, il est affecté au 64th Coast Artillery à Hawaï.
Avec la menace japonaise de plus en plus précise, le War Department provoque en février 1941 une grande réunion inter arme entre la Navy et l'Army pour consolider la défense de Pearl Harbor. Frederick est invité à exposer ses idées.
Voici ce qu'il démontre face aux officiers supérieurs ébahis :
"Si le Japon entre en guerre contre les US, sa cible immédiate la plus bénéfique sera les navires de l'US Navy.
Il est probable que sa toute première attaque sera un raid aérien surprise, contre la base de Pearl Harbor et les aérodromes de Oahu.
Une force d'attaque surprise comprenant des porte avions peut rester en dehors de la couverture aérienne de nos avions patrouilleurs, et foncer de nuit vers Oahu, lâchant ses avions au lever du jour pour attaquer. Ce sera une attaque à la torpille."Frederick expose aussi les moyens qu'il pense efficaces pour contrer cette menace.
A la fin de son exposé, après un long silence embarrassé, le colonel Pickett, chairman du Comité déclare :
"Major, nous ne sommes pas du tout impressionnés par vos idées!"
Aucune des mesures proposées par Frederick ne sera mise en place, et viendra le 7 décembre 41...
Rappel FSSF :
Février 1942, Churchill et Lord Louis Mountbatten ont convaincu Roosevelt de la création d'une force spéciale composée d'américains et de canadiens, destinés à conduire un nouveau type de guerre, basé dur des opérations de type commando menées par de petits groupes d'hommes en Norvège notamment pour saboter la production d'eau lourde. La First Special Service Force est née.
En juin 42, les objectifs sont très flous, mais Churchill tient à son idée et après quelques changements de responsables, c'est au colonel Robert Tryon Frederick qu'échoue la mission de mettre en place en six mois une force de 2 400 hommes capables d'effectuer des missions suicides derrière les lignes. Ces combattants de l'impossible devront être des experts en ski, au combat rapproché, tireurs d'élite, saboteurs, expert en explosifs et... parachutistes.
Frederick n'a que peu de temps. Alors que la formation de parachutistes à la parachute school de Benning prend 5 semaines, il forme ses Forcermen au saut en... 48 heures.
Lui-même discute 10 minutes avec un instructeur avant d'effectuer son premeir saut à Fort Harrison, Montana....
Automne 1942 ; au fin fond du Montana, le Col Robert T Frederick poursuit pied au plancher la formation des 2 400 Forcemen des First Special Service Force ; ski, escalade, marches forcées (140 pas minutes au lieu des 120 de l'armée régulière...!) avec 45 kg sur le dos, combat à mains nues, au poignard, pistolet... etc.... Alors que le rude hiver des montagnes du Montana s'installe sur Fort Harrison, arrive un expert en guerilla "arctique" envoyé par Washington pour évaluer les progrès des Forcemen.
Frederick accueille ce colonel "expert", et lui montre ses quartiers, une chambrette adjacente et similaire à celles des officiers du FSSF, de la taille d'une tente, équipée de deux couvertures et d'un peu de bois pour le petit poêle. La température chute cette nuit là à...-30!!
C'est un colonel frigorifié et tremblant de tous ses membres que Frederick retrouve au petit matin pour aller observer les Forcemen à l'entrainement dans la neige. Frederick propose au colonel gelé d'embarquer dans une de ses jeeps, dont le pare brise est naturellement rabaissé. Lorsque le colonel arrive sur le terre plein d'entrainement, il est tellement frigorifié qu'il ne peut mettre pied à terre. "L'expert repart pour Washington où il rapportera laconiquement : "Training appears good!"
Remise des Jumpwings aux volontaires à Fort Harrison…