Lorsque dès le 8 novembre 1942 au soir les objectifs de l'Opération Torch eurent été atteints tant en Algérie qu'au Maroc, l'Etat major allié lança la course contre la montre pour prendre Tunis. Le General James Doolittle (oui! oui! l'homme de "trente secondes sur Tokyo!) ordonna à son 60th Troup Carrier Group de remettre en état un maximum de C-47 Skytrain. Le Général Anderson de la British First Army quant à lui demanda au Lt Col Edson Raff de regrouper à Alger tous les hommes du 2/509 disponibles pour un saut sur l'aéroport de Tebessa, à la frontière Tunisienne. 150 troopers rejoignirent Maison Blanche, près d'Alger avec Raff et s'installèrent dans les hangars Air France de l'aérodrome le 12 novembre. 170 autres arrivèrent le lendemain de Tafaraoui avec le XO du bataillon, Doyle Yardley. Ils occupent un lycée de jeunes filles. Certains troopers découvrent cette remarquable invention française : le bidet!
Les troopers du 2/509th remirent en état leurs parachutes du mieux possible. De nombreux parachutes étaient demeurés dans les C-47 sur la Sebkra d'Oran, et les arabes les avaient pillé pour en faire des tentes. 14 paras qui avaient attérri lors de l'opération du 7 novembre à Gibraltar retrouvèrent leurs camarades à Alger. Idem pour deus sticks de la compagnie F, retenu quelques jours par les espagnols. C'est au cours d'une discussion des plus informels et par le plus grand es hasards, que Raff apprend de la bouche de deux français qu'il se trouvait à 10 milles de Tebessa un aérodrome 3 fois plus grand et plus facile et accessible car plus dégagé des montagnes, celui de Youks les bains. Le haut commandement Allié change alors l'objectif ; empêcher les allemands de prendre le contrôle de l'aérodrome de Youks. Depuis le 8 novembre, les allemands se sont précipités pour occuper Tunis, débarquant des troupes à grand renforts de JU-52. Au 14 novembre, il y a déjà plus de 3 000 allemands dans Tunis. La couse pour les aérodromes Tunisiens est ouverte. Les paras anglais, accompagnés d'un certain major Charles Billingslea (futur CO du 325th GIR!!) s'emparent de Bone le 14 novembre. Aux américains de jouer à présent!
Trois correspondants de guerre se présentent à Raff, avec des autorisations pour voler avec les troopers ; Franck Kluckholm, du New York Times et Lowell Benett de l'International News Service veulent accompagner les troopers et rentrer écrire leur papier. le troisième reporter est John "Jack" "Beaver" Thompson, du Chicago Tribune. Beaver veut sauter avec les troopers. Raft est OK. Thompson suit les paras depuis Benning. Il est très pote avec Yarborough, l'officier de liaison de Mark Clark, et qui va lui aussi participer à l'opération..
Raff disposait de 304 paratroopers et de 22 C-47. C'est à peu près tout en terme de préparation, car aucune info météo n'était disponible, ni aucune carte à peu près à jour, pas plus que d'infos sur les troupes, amies ou hostiles qui gardaient l'aérodrome. Captain Martin E. Wannamaker, en charge des C-47 du 60th TCG affirme qu'aucun opération aéroportée n'a jamais été aussi mal préparée.
Les 22 C-47 décollèrent de Maison Blanche le 15 novembre à 6h30 du mat pour un vol de 300 milles à vue et aux instruments. Six Spitfires et des Hurricane leur servent d'escorte. A 9 heures 30, la flotte survolait l'aérodrome. Raff aperçut au loin deux chasseurs allemands qui tournoyaient sans s'approcher. L'ordre est donné : "Stand up, Hook up" ; Private Marcus Kukec glisse à l'oreille de Doc Alden : "J'espère que mon rigger (l'homme chargé du pliage du parachute) ne m'en veut pas ; je lui dois toujours 10 dollars". Ralph Miller Jr est là. ce jeune lieutenant disparaitra lors de l'opération Dragoon, quand son stick sera prématurément largué au dessus du golfe de saint Tropez en aout 1944. Clairement visibles au sol, des emplacements de mitrailleurs et de 75mm tenus par les Français du 3ème zouave.... "The most successful jump I ever made" déclarait Raff qui s'était froissé quelques côtes une semaine plus tôt en sautant dans les montagnes de la Sebkra d'Oran. Pas pour tout le monde. L'altitude (Youks est à 900 mètres au dessus du niveau de la lmer), et le poids des trooperds surchargés ont provoqués des descente ultra rapides ; 17 troopers sont blessés, surtout des fractures. Jack Thompson, qui n'a suivi aucune formation, atterri comme une fleur! Les Zouaves du Colonel Albert Berges accueillirent les américains les bras ouverts et s'unirent à eux pour constituer, avec les tank Destroyers de B:701st TDB, la "Tunisian Task Force" contre les forces Italo-Allemandes de Tunisie. En signe d'amitié, les Zouaves offrirent aux troopers US le droit de porter leur insigne "J'y suis j'y reste", droit confirmé quelques mois plus tard par le général Giraud.
Lt Col William Pelham Yarboprough participe à l'opération Torch au sein du 2/509 en tant que conseiller "Airborne " de Mark Clark, et en tant que XO du Provisional Airborne task Force qui coordonne le 2/509 et le 60th TCG. Il saute sur Youks les bains le 15 novembre avec les 305 troopers de Raff, et effectue ainsi son 42ème saut.
17 troopers souffriront de sévères fractures en attérrissant sur les rochers qui entourent Youks. Captain Cool, Doc Alden himself se brisera l'os du gros orteil.
Le reporter du Chicago Tribune, Jack "Beaver" Thompson demande à Maison Blanche à Yarborough l'autorisation de partir et de sauter avec le bataillon. Yarborough accepte et il devient le premier civil à sauter au combat avec les troupes américaines. Il aura fallu l'intervention autoritaire de Raff pour que les Britanniques acceptent de laisser sauter Thompson. Celui ci n'aura en effet subi aucune préparation initiale avant de passer la portière. Il attérira comme une fleur à Youks, alors que 17 soldats se blesseront en tombant sur les rochers qui bordent l'aérodrome.
Deux autres reporters effectueront le vol vers Youks mais sans sauter, il s'agit de Franck Kluckholm du New York Times et de Lowell Gennett du International News service.
C'est le colonel Albert Berges, du 3ème Zouave qui remet son badge "J'y suis j'y reste" à Edson Raff en signe d'amitié. Le capitaine Chauppard remit sa fourragère à Yarborough. Le général Henri Giraud devait le 6 février 44 confirmer l'autorisation pour les troopers du 509 de porter ce badge. Le 509 devenait ainsi la première unité américaine à recevoir une récompense étrangère.
Trouver 300 parachutes pour l'opération sur Youks les -Bains a été un problème pour Raff. Les parachutes laissés dans les C_47 à sec de carburant sur la Sebkra d'Oran ayant été pillé par les autochtones qui utilisaient les toiles de parachutes pour s'en faire des tentes.
Raff et Berges à Youks…