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| Sujet: A good one from Ross Carter, C/504 Jeu 22 Nov 2012 - 20:58 | |
| - gennaker a écrit:
- Le 12 mai 1943, deux jours après avoir débarqué à Casablanca, "The Legion (surnom du 504 PIR) embarquait à bord de wagons à bestiaux (Forty and eights) pour rejoindre Oujda, à la frontière entre la Maroc et l'Algérie. Sous un soleil de plomb, le voyage de 800 km allait durer 8 jours. Les troopers disposaient de C rations et d'une eau chaude pour subsister et leur mécontentement contre ce commandement qui leur imposait un tel périple allait croissant. Survint l'incident suivant narré par Ross Carter, C/504 :
"Une heure environ avant la tombée de la nuit le troisième jour, on s'arrêta sur une voie de garage dans un petit bourg algérien. Bientôt, un train d'une trentaine de wagons pleins d'approvisionnement pour les Britanniques vint se ranger sur une voie adjacente. Nous nous regardâmes et nous nous comprîmes en un clin d'oeil sans avoir à parler. Nos officiers regardèrent le train, puis nous, et disparurent, sachant que l'on connaissait leur dégoût pour les C Rations. Un Tommy avec un Lee Enfield était largement suffisant pour garder les Arabes à distance, mais certainement pas assez pour nous et il le savait. Il nous jetait des regards embarrassé, et monta finalement sur un petit monticule d'où il pouvait voir tout le train.
Un paratrooper fonça vers le train. Le Tommy lui fit signe de s'écarter avec son fusil. La tactique d'attaque frontal à la manière d'Ajax ayant échoué, un des Ulysses de la compagnie, le sergent Winters décida de ruser pour atteindre nos objectifs gastronomiques.Winters me fit un clin d'oeil et s'avança vers le Tommy, qui nous matait d'un air suspicieux, pour lui parler mièleusement, louant à grands renfort de superlatifs la 8ème Armée, Montgomery et lui demandant des détails sur El Alamein, Tobruk sans oublier sa petite famille....Tommy, fier de son armée, inégalé à son avis par quiconque, commença à s'enflammer sur ses exploits et ses succès sur les allemands. Nous opinâmes du chef. Winters lui donna une Lucky Strike. Nous montâmes avec lui sur l'un des wagons, Winters d'un côté et moi de l'autre, bientôt entourés d'une nuée de troopers. Le Tommy rayonnait de tant de camaraderie. Nous rayonnions de tant d'amitié. Et j'affirme que jamais les relations anglo-américaines n'avaient été plus étroites qu'à cet instant." Ross carter, "Those devils in baggy pants" Le Tommy, sa vue obstruée par tant d'audience si attentive, incapable de surveiller les wagons, commença même à les oublier. Pendant ce temps, nos boys ne paressaient pas. Conscient de la nécessité d'aller vite, ils se mirent au travail en parfaite synchronisation comme une bande de castors, pour transférer les rations destinés aux anglais dans nos wagons. Bien alignés, ils passaient les colis de mains en mains jusqu'à ce que nos wagons fussent remplis jusqu'au plafond de caisse en Lend -Lease de jus de pamplemousse, d'oranges, de tomates, de bacon, de corned beef, de lait condensé, de roast beef, farine, sucre, chou, prunes, haricots, crackers et boites de thé. Tommy, se souvenant soudain qu'il était de garde se releva et jeta un oeil. Son visage devint livide. Il attrapa son fusil, jura et gueula. Les boys le regardaient avec l'air le plus innocent du monde. Il irradiait de haine et d'envie de meurtre à l'égard de Winters et de moi, mais il n'y avait rien qu'il puisse faire. Les relations anglo-américaines n'ont jamais été aussi tendues qu'à cet instant."
- gennaker a écrit:
- J'ai déjà dû vous servir ce savoureux extrait...
Octobre 1943, "The Legion" (surnom autoproclamé du 504) est à Naples, officiant comme force de police dans une ville en ruine et au bord de l'anarchie. Après quelques jours de repos, C Company décide qu'il est temps d'organiser une petite fête ; Récit signé Ross S Carter...
"... Ma compagnie vint à la conclusion que nous étions mûrs pour une petite fête. Nous prîmes des dispositions pour louer pour une nuit le prétentieux "Five O Clock Club" qui avait un chouette petit orchestre. The Arab et le Master Termite furent missionnés pour nous approvisionner en alcools forts. Une des compagnies du bataillon accepta de nous procurer 6 videurs chargés de virer tout ingérant, sous le serment de rester sobre. Un certain Moorhead, du Kentucky, ancien bouilleur de cru, découvrit une petite installation en cuivre et décida avec enthousiasme de transformer 227 litres de vin rouge en 22 litres d'un liquide clairet et transparent, capable de faire péter le crâne de n'importe quel homme. Notre capitaine qui passait un jour pour inspecter la distillerie en but une gorgée, et ressortit en titubant, perdu en plein brouillard.
Un beau matin, le First Sergeant sortit de sa chambre en gueulant et en soufflant dans son sifflet de cuivre. "Men!" déclara t'il : "Quel genre de femmes souhaitez vous pour notre fête? On peut avoir un détachement de WACs, entre 7 heures 30 et 11 heures 30. Mais bien que nous soyons tous des Gentlemen et des aristocrates, elles ne nous font pas confiance et ne viendront qu'accompagnées. D'un autre côté, on peut demander aux Ladies de Naples, en manteau de fourrure et bas nylon, de venir. Elles resteront avec nous jusqu'à ce que l'enfer gèle, et le ciel est la limite! Qu'est ce que vous préférez??" D'une seule voix, les troopers crièrent : "Bring on the Signorinas!".
On s'est donc entassé dans des camions et on est parti à la fête. Deux orchestres mettaient déjà le boxon, et leurs rythmes se trouvaient largement encouragés par l'abondance de champagne, de cognac, de brandy et de notre propre boisson à la dynamite. Les 6 videurs envoyèrent promener tous les resquilleurs pendant qu'une centaine de magnifiques Ladies en manteau de fourrure dansaient avec les boys.
Ce fut une sacré fête! Des danseurs délurés eurent vite fait de virer les nostalgiques de la valse. Sheraton éxécuta la danse du chapeau méxicaine, en dansant autour d'une bouteille de brandy empruntée au Master Termite, qui avait lui décidé de boire seul toute la soirée, assis dans son coin, les coudes agités de mouvements incohérents. L'ancien bûcheron Duquesne trottinait en douceur sur la piste comme s'il courait sur un rondin, pendant que son pote Gruening racontait à une fausse blonde Napolitaine qui n'y comprenait goutte, les merveilles de New York Central. Carlton, énervé par quelque fausse histoire, envoya balader à travers la piste d'un seul coup de poing un ancien commandant de compagnie, trop bourré pour jamais se souvenir qui l'avait frappé. Larkin a cherché la merde jusqu'à ce que le gros Miland lui casse la figure et le ramène au camp en camion. Une splendide brune brûlante comme la braise fit fondre la glace dans les yeux de Casey, qui quitta la fête une bouteille de brandy à la main alors qu' il était encore sobre. Il poursuivit un des chefs d'orchestre dans les escaliers, avant de prendre sa place sur l'estrade. Barnett, en larmes, prit place au piano où il joua avec la dextérité d'un singe du zoo de St Louis. Dolan attrapa une contrebasse, joua un peu de l'archet, puis tira sur les cordes jusqu'à ce qu'elles cassent. Très tôt dans la soirée, les boys qui préferaient les femmes à la bouteille se dispersèrent avec leurs conquêtes. A minuit, quelques uns dansaient encore parmi les corps écartelés des mecs bourrés, la piste de danse n'appartenant plus qu'aux disciples de Baccus qui n'assumaient pas leurs préferances.
Berkely, The Arab, TL Rodgers et moi-même entreprirent de les porter dans les camions. TL et moi les sortions et Berkely et The Arab les jetaient à bord. Berkely attrapait les pieds du mec bourré, et The arab la tête. Ils chantaient alors à l'unisson : "One for the money, two for the show, three for the money and there he goes". Le bourré s'étalait alors dans le camion comme un sac à patates, s'écrasant la tête contre le plancher en acier, ou contre la tête d'un autre trooper. Le lendemain, un paquet de mecs ivres, palpant leur crâne bosselé ou couvert de bandages, se demandèrent qui les avait passé à tabac. L'origine de leurs blessures demeure aujourd'hui encore un mystère..."
Sgt Ross S Carter : "Those devils in baggy bags" | |
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