Cooney party 401, Bretagne 1944 Cet été nous avons tenté de suivre les traces des parachutistes SAS Français en Bretagne et plus particulièrement de l’une des 18 équipes de saboteurs ; répondant au nom de code «
Cooney Party « ; larguées la nuit du 07 au 08 Juin 1944 sur les 4 départements bretons.
Ont participé à cette reconstitution : Pierrick DESMEULES ; Mikael LE DISEZ et moi-même.
Le plan général d’action en Bretagne (déjà abordé sur ce forum ici
https://carentanlibertygroup.forumgratuit.org/t256-petite-sortie-tres-sympa-en-bretagne-derry-ii?highlight=derry) prévoyait l’intervention de parachutistes SAS Français et de
teams Jedburgs avec mission de bloquer en Bretagne l’énorme réserve allemande pouvant très rapidement renforcer ; (et sans nul doute mettre en échec) ; le débarquement programmé en Normandie à l’aube du 06 Juin.
Le plan secondaire; en cas d’échec du débarquement en Normandie; était de constituer une avant-garde au débarquement secondaire prévu, lui, sur les côtes Bretonnes.
L’idée n’était pas d’ouvrir un second front avec d’importantes troupes conventionnelles, mais de semer le chaos et la terreur sur l’entièreté du territoire Breton avec des petites unités spécialisées ( SAS). La contribution de la résistance locale ; que l’on savait forte ; faisait partie des plans. L’armement et surtout la coalition de ces mouvements de résistance ; aux courants politiques souvent farouchement opposés ; était du ressors des équipe
Jedburgs.
L’enthousiasme désordonné et le nombre important de ces résistants finirent par poser de réels problèmes aux parachutistes et mirent à mal les plans initiaux qui durent être revus après seulement quelques jours d’opération.
L’intervention des SAS Français en Bretagne a débuté le 05 Juin 1944 peu avant minuit par le largage de 4 stick précurseurs de +- 18 hommes chacun faisant partie du 4ème SAS.
Deux sticks ont été largués sur le sud Morbihan, dans la région de Saint-Marcel, et deux autres dans les Côtes d’Armor (alors Côtes du Nord) dans la région de Saint-Servais, plus exactement sur la localité de LOCARN au sud de la Forêt de DUAULT.
La mission de ces deux unités étant de constituer deux bases arrières et d’établir le contact avec les maquis locaux.
Tous ces parachutistes étaient largués «
blind » (en aveugle) ; ce qui signifie dans le jargon parachutiste:
sans reconnaissance préalable ; sans balisage et sans «
comité d’accueil ».
Les DZ étaient elles toutefois choisies à l’avance.
Ces premiers largages furent +- heureux ; les sticks largués sur le Morbihan ayant connu pas mal d’infortunes : mauvais largages pour l’un et accueil ennemi immédiat au sol pour l’autre.
Le stick du Lieutenant Marienne, dont faisait partie le premier tué du débarquement ; le Cpl Emile BOUETARD ; tomba en plein sous le nez d’un poste d’observation ennemi installé dans un ancien moulin près de PLUMELEC (Morbihan).
Immédiatement pris sous le feu dès qu’ils touchèrent le sol, le stick fut éparpillé.
Le Cpl BOUETARD sera d’abord blessé dans la fusillade et ensuite retrouvé dans la lande par les troupes d’origine Ukrainiènne, réputées pour leur brutalité en Bretagne. Le malheureux; incapable de se mouvoir; fut exécuté sur place.
Le 12 Juin, plusieurs membres du stick du Lt MARIENNE ;isolés après quelques jours en territoire ennemi; seront débusqués et lâchement fusillés par des miliciens indépendantistes Bretons voués à la cause de VICHY. 11 résistants bretons feront également partie des victimes de cette sauvagerie fratricide.
Les sticks des Lt DESCHAMPS et BOTELLA ; largués dans les Côtes d’Armor; auront plus de chance.
Largués à à peine 3 Km de leur objectif (la forêt de DUAULT) ils établiront rapidement le contact avec le réseau local (TITO,) et pourront très vite constituer la base nord du nom de code «
SAMWEST ».
Une nouvelle DZ située près de la ferme de Kerprigent (Ouest de la forêt) accueillera les renforts SAS et les largages d’armes et de munitions dans les jours suivant leur arrivée.
L’établissement de la base sud ; du nom de code «
DINGSON » ; sera un peu plus mouvementée mais deviendra rapidement le lieu de rassemblement d’importantes forces FFI capable de recevoir renforts et armement sur sa DZ baptisée «
BALEINE ».
L’action de «
guérilla » des parachutistes sera menée sur tout le territoire par 18 équipes SAS de saboteurs larguées la nuit du 07 au 08 Juin 1944.
Ces équipes baptisées «
cooney party »; numérotée de 401 à 418 et composées de 3 à 5 hommes selon les spécificités de la mission ; étaient larguées sur tout le territoire par des bombardiers largueurs STIRLING à raison de deux équipes par avion.
Elles avaient chacune, une, ou plusieurs missions de sabotage qui consistaient généralement à la destruction de voie de communication routières et ferroviaires importantes.
La durée de cette première mission était courte, puisque dans les 10 jours ils étaient sensés rejoindre l’une des deux bases arrières, selon l’endroit ou ils avaient opéré.
De nombreuses équipes se sont ainsi trouvé des «
missions de sabotage secondaires » sur leur itinéraire jusqu’à épuisement des explosifs emportés.
Ces hommes sautaient avec le minimum ; à savoir un kit bag (ou legbag) contenant armement, sac
bergam (ou
bergen) avec munitions, vivres pour 24 à 48 heures ; beaucoup d’explosifs et le minimum en termes d’équipement (pas de tente, rarement un brelage…)
Une fois au sol au beau milieu du territoire ennemi, leur intérêt n’était évidemment pas d’engager le combat avec un ennemi largement supérieur en nombre et en puissance de feu.
La priorité était accordée à leur mission de destruction. Ensuite ils étaient livrés à eux-mêmes et comptaient beaucoup sur la résistance, mais aussi la population locale, pour le ravitaillement et l’hébergement.
Même si les consignes étaient de se cacher la journée dans des endroits inaccessibles, ils avaient très souvent recours aux hébergements plus confortables et hospitaliers des fermes bretonnes.
Ces 18 équipes connurent également des fortunes variées. Certaines rares équipes seront capturées assez rapidement et dans ce cas souvent exécutées froidement comme le prévoyaient les ordres du führer qui ; craignant les unités commandos ; considérait les parachutistes et les commandos comme des terroristes ; des bandits ; au même titre que les espions et autres agents secrets, bien qu’ils fassent partie d’une unité constituée et portent un uniforme réglementaire.
(Même si après quelques jours de maquis, l’uniforme du SAS n’avait plus grand chose de réglementaire ni de conventionnel…)
À suivre…