SUR LES TRACES DE « Cooney Party 401 » Seconde partieComme cela était prévu ; pour la seconde année consécutive ; nous avons marché sur les traces de «
cooney party 401» en Bretagne nord.
Nous avions reconstitué la première partie de leur périple l’an dernier ; laissant les 3 SAS en bivouac clandestin à quelques kilomètres au sud de la voie ferrée Guingamp- Saint-Brieuc.
https://carentanlibertygroup.forumgratuit.org/t1937-cooney-party-401-reconstitutionOn sait peu de choses sur les déplacements et les actions de ce groupe de saboteurs mais on sait que leur périple passe par la région de Saint-Fiacre ou ils se sont établis au sein du maquis local durant une période indéterminée.
Fin Juin ils retrouvent le SAS SICARDY, échappé et isolé après la chute de SAMWEST le 12 Juin.
On les retrouve ensuite dans la région de Loudéac et enfin, début Août, à Merdrignac ; soit au Sud-Est de Saint-Fiacre ; ou ils participent à la libération de la cité du centre Bretagne.
On peut donc raisonnablement supposer que suite à la chute de SAMWEST les 4 SAS aient logiquement changé le cap au Sud (peut-être pour rejoindre DINGSON) et ensuite au Sud-Ouest (après la chute de DINGSON le 18 Juin, ou sur ordre, nous ne pouvons pas le déterminer avec certitude).
Des 4 que nous aurions du être pour cette reconstitution, nous avons malheureusement été réduits à 2, Mikael LE DISEZ et moi-même.
FOD et Arilou ayant quitté le navire dès Juin pour raison d’indisponibilité.
D’autres reconstitueurs sollicités en dernière minute n’ont malheureusement pas répondu favorablement à notre invitation, ayant déjà leur propre agenda à cette époque.
La décision difficile d’annuler un projet prévu et préparé de longue date paraissait inévitable.
Finalement, deux semaines avant l’échéance, seuls
Mike et moi décidons de poursuivre l’aventure malgré tout, et à effectifs réduits.
Nous décidons donc de nous lancer dans cette seconde étape de 10 Km qui devait nous mener à
Saint-Fiacre.
Pour ne pas surcharger nos sacs comme l’an dernier ; notamment en eau et conserves; j’avais déjà déposé des « dumps » d’eau et de vivres sur nos points de passage et de bivouac.
Nous n’avions dès lors en termes de nourriture dans nos bergams qu’une ration 24 heures constituées de barres énergisantes et de biscuits ainsi bien entendu que tout le matériel opérationnel réglementaire, portant déjà leur poids à au moins 20 Kgs.
Aucun équipement moderne ; hormis une boussole et une carte IGN ; n’était évidemment toléré.
L’idée était d’établir un bivouac clandestin dès le vendredi soir et d’y passer la nuit.
L’étape devait être effectuée le samedi jusqu’au point de bivouac final.
Comme si les changements de dernières minute n’avaient pas suffit, c’est cette fois la météo qui joue les trouble fête.
Le bulletin météo du mercredi annonce en effet un passage orageux avec de fortes pluies pour le vendredi soir.
Le samedi devrait cependant être sec.
Dans ces conditions, impossible de bivouaquer sous un morceau de voilure de parachute.
Il faut une nouvelle fois sauver le projet et je pars donc en reconnaissance sur les lieux de bivouac de départ à la recherche d’un abri de fortune quelconque pouvant nous abriter pour la nuit.
Ne trouvant rien, je décide d’y aller au culot.
Je repère une fermette transformée en grange ; bien dans son jus ; et je décide de prendre contact avec un homme qui fend du bois à proximité, et que je suppose être le proprio.
Je me présente et j’explique ouvertement l’objet et le but de notre marche à ce monsieur d’un certain âge qui à ma grande surprise accepte immédiatement ; sans hésitation et sans contre partie ; de nous laisser ce bâtiment pour la nuit.
Il s’avère que le propriétaire du bâtiment est un retraité de l’armée de l’air.
Le bâtiment avait jadis servi de maison d’habitation à sa belle-mère, avant de servir de grange.
Vieilles pierres ; paille ; machines agricoles ; le décor est parfait, on ne pouvait pas rêver mieux.
Mais le meilleur reste à venir…
Lorsque nous nous présentons sur place le vendredi soir vers 1900 hrs; la pluie battante est en effet au rendez-vous, comme prévu, et nous sommes heureux de bénéficier de cet abris de fortune.
Mr PUIL; Le propriétaire; vient nous saluer et c’est avec quelques bières belges que nous le remercions de son hospitalité.
Nous voilà à discuter d’histoire autour d’une mousse dans la grange, sous la pluie battante.
Mr PUIL connait les grandes lignes des opérations SAS en Bretagne, mais ne maîtrise pas le sujet.
Il est par contre intarissable sur les histoires locales de résistants ; et surtout de «
faux résistants » ; révélant des facettes parfois troubles et encore très sensibles de la résistance en Bretagne profonde ou certains on parfois confondu lutte contre l’envahisseur avec combat politique; voir même banditisme pur et simple, reléguant parfois les vrais résistants à l'anonymat.
Des proches de notre hôte ont manifestement été victimes de ces dérives.
C’est alors qu’il nous cloue littéralement sur place par une simple anecdote.
Mr PUIL dit se souvenir que sa belle-mère avait caché chez elle
3 militaires français qui avaient fait sauter la voie ferrée à PLOUAGAT ( !!)
Il va sans dire qu’il ne connaît rien de l’existence même de «
cooney party 401 »
A moins d’une grosse coïncidence ; il ne peut donc que s’agir d’un coup de chance incroyable !
Nous nous apprêtions donc à passer la nuit dans la maison-même qui avait hébergé jadis le Lieutenant VIAUD et ces hommes
Partant d’un itinéraire approximatif; basé sur des bribes d’informations et des probabilités; nous voilà par un hasard incroyable à l’endroit exact d’une véritable étape de leur périple.
Après un repas chaud, la pluie cesse soudain, laissant place à une belle lune presque pleine et un calme total, comme on ne peut le trouver que dans ces belles campagnes profondes .
Seuls les appels de quelques chouettes nichées autour de notre abris, à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, vont bercer notre nuit éclairée par une belle lune.
Par moments, quelques souris se chamaillent sous la paille.
Pour rien au monde nous n’aurions échangé une nuit au « Hilton Palace» contre cette nuit sur la paille ; coincés entre deux charrues.
Samedi :Forts de notre expérience et vu notre moyenne horaire de l’an dernier, c’est de bonne heure que nous nous sommes levés après une bonne nuit de sommeil.
A 07:30 hrs ; après un petit déjeuner frugal et une tasse de café chaud ; nous voilà partis sous un ciel bleu, à peine entaché de quelques nuages inoffensifs.
Toute la progression s’est effectuée « clandestinement » ; soit en évitant scrupuleusement routes et chemins carrossables.
80% de la progression se sont ainsi effectués en azimut, à travers tout, et régulièrement aidé de la machette; d’innombrables obstacles naturels et clôtures ralentissant sensiblement notre progression et la rendant souvent pénible.
Comme l’an dernier, l’exercice ; avec un relief digne des Ardennes en fin de parcours ; est rapidement devenu un réel défit physique qui n’était pas pour nous déplaire et ajoutait au réalisme de la reconstitution.
J’avais toutefois bien fait de prévoir une distance d’étape modeste.
Le but de la manœuvre étant de réaliser un reportage photo, nous avons fait de notre mieux pour en faire un maximum, mais à deux il est difficile de donner l’illusion du nombre.
Le Lt VIAUD n’apparait sur aucune photo, il faut en déduire qu’il était le photographe.
Pour apparaître à deux sur la photo, nous étions obligés d’utiliser un trépied et le retardateur, ce qui était assez fastidieux.
Nous avons finalement bouclé l'étape de 10 km assez rapidement puisque vers 1400 hrs nous étions arrivés au point de bivouac.
Même si nous aurions encore été capables de parcourir 5 km de plus, mon corps m'a tout de même rappelé que je n'avais plus 20 ans.
Place au reportage photo.