Comme promis voici un maigre aperçu photo de ma semaine du 70ème passée côté Britannique.
C'est avec le groupe "
France44" que j'ai passé la semaine sur le camp de la batterie de MERVILLE à laquelle ce groupe est associé depuis de nombreuses années.
J'étais aussi là pour effectuer un saut de commémoration, initialement prévu sur la DZ "N" ( RANVILLE) le 05 Juin à 1700 hrs, et finalement exécuté sur la DZ "K" (SANNERVILLE) le 07 Juin à 0930 hrs.
J'ai donc partagé mon temps entre la batterie et ses activités plutôt statiques si l'on exclus les shows "son et lumières" du 06 et du 08 Juin; et le QG du groupe "
Pathfinder Parachute Group" à RANVILLE pour ce qui était de la préparation des sauts.
Comme je l'avais déjà expliqué en partie privée, le bilan "sauts" est plus que mitigé en ce qui me concerne.
Une organisation décevante et; il est vrai; fortement compliquée par les caprices et changement permanent des officiels et autres cols blancs (qui disparaîtront du paysage après le 70ème); et un saut qui restera dans ma mémoire comme un
saut de consolation, sans plus.
Côté activité sur la batterie c'était nettement plus positif, même si parfois trop statique. C'est l’inconvénient d'un camp.
Heureusement, l'affluence très particulière permettait à qui le voulait d'accrocher le public et souvent de faire des rencontres très intéressantes... et intéressées.
Le son et lumières restera un de mes meilleurs souvenirs.
Assez méfiant de ce type de prestations au départ, j'ai été agréablement surpris de la qualité et du professionnalisme de tous les intervenants. C'était vraiment du lourd !
Le son et lumières retrace l'histoire de la batterie depuis le début de l'occupation; sa construction; l'activité naissante de la résistance; les bombardements allies; la visite du Feldmarschal Rommel et enfin en apothéose; l'attaque et la prise de la batterie par les 150 hommes restants du 9th Para Bn sous l'impulsion de son impétueux chef, le Col Terence OTWAY.
Ce qui m'amène à l'anecdote de la rencontre tout à fait fortuite et magnifique avec le petit-fils du Col OTWAY le mercredi 04 juin, alors que nous préparons le décors du son et lumières en vue de la répétition générale du soir.
Un homme de grande taille à l'allure générale du touriste lambda; appareil photo sur la poitrine; s'adresse à moi en anglais.
Il me demande si je fais partie des reconstitueurs chargés du son et lumière.
Il me dit ensuite qu'il aimerait rencontrer celui d'entre nous qui représentera le Col OTWAY.
Me voyant assez surpris de la question il précise "
ah, oui au fait, je suis son petit-fils, sorry"
Et là, l'air de famille me saute aux yeux ! Il n'y a pas de doutes, c'est bien un OTWAY !
Me voilà pendant une paire de secondes un peu dans le même état qu'une jeune fille devant Patrick BRUEL.
S'engage alors une conversation des plus sympathiques avec un homme qui l'est tout autant.
Mr OTWAY m'explique que c'est la toute première fois de sa vie qu'il visite le site des exploits de feu son grand-père et qu'il a voulu le faire en toute tranquillité et en toute discrétions, afin de bien s’imprégner des lieux. Raison pour laquelle il a aussi choisi une heure de faible affluence pour s'isoler de la délégation très officielle qui l'entoure évidemment.
Je le mène alors vers le premier rôle de notre représentation ; Sébastien LEMONIER, avec lequel il échange quelques mots avant d’accepter une petite photo aux cotés du buste de son grand-père.
Il reprend ensuite sa visite en toute discrétion en précisant qu’il sera présent à la représentation, évidemment, et en promettant de venir nous revoir en privé avant la fin de son séjour.
Ce qu’il fera, puisqu’il viendra nous rejoindre « en coulisses » après le spectacle, accompagné de deux gorilles du Parachute Regiment.
Un peu à froid, nous lui demandons s’il accepterait de devenir membre d’honneur de l’association ; et sans hésitation et avec une fierté non feinte ; il accepte avant de devoir déjà nous quitter.
Nous espérons le revoir l’an prochain dans des conditions qui lui permettront peut-être plus de liberté.
Côté saut et pour résumer fortement :
Trois jours de largages étaient prévu les 04 ; 05 et 07 Juin sur diverses DZ du champ de bataille Britannique.
Le « grand jour » devait être le 05 avec 2 largages prévus pour notre groupe sur la très mythique et jamais ouverte DZ « N » de RANVILLE.
Cette drop zone à servi au 13th et 12th para Bns la nuit du 06 Juin et elle était convertie le lendemain en LZ pour les planeurs des troupes Aérotransportées.
Mission du 13th Bn : libérer RANVILLE et sécuriser la LZ jusqu’à l’arrivée des planeurs.
Mission du 12th Bn : tenir RANVILLE et établir un écran défensif au Bas-de-Ranville en vue de contenir une éventuelle contre attaque venant de Caen.
Notre premier largage doit avoir lieu le matin et sera constitué de membres Pathfinder et de paras britanniques d’actives en tenue actuelle.
Ensuite la 16th Air assault Brigade effectuera un saut de masse depuis des avions gros porteur C130 (+- 300 paras) en début d’après-midi.
Ensuite le vétéran et ami; Jock HUTTON (13th Bn) effectuera un saut en tandem avec un membre de l’équipe nationale et chuteur OPS des « red devils ».
Enfin, la rotation dont je faisais partie devait clôturer le show en tenue et équipement strictement d’époque et regroupement au sol autour du vétéran et des paras anglais d’active.
Le plan idéal !
Le 04 le vent empêche tout saut sur l’ensemble de la Normandie.
Le saut prévus devait être effectué par des Rangers-Parachutistes Suédois sur la DZ « K » SANNERVILLE, utilisée le 06 juin par le 8th Para Bn. et les Royal Engeneers.
Mission du 8th Para Bn : détruire les ponts routiers sur la Dive à TROARN et BURE, ainsi que le pont ferroviaire de BURE.
Ensuite se placer en défensive face à la Dive sur les hauteurs du bois de BAVENT.
Ils réussiront leur mission malgré un largage et un regroupement catastrophique, comme ce fut le cas pour tous les autres Bataillons d’ailleurs.
le largage de nos amis Suédois est donc ajouté à ceux du 05 sur RANVILLE dès 0930 hrs du matin.
Après avoir récupéré les parachutes des premiers, je fille à CARPIQUET avec deux ou trois membres pour plier des parachutes.
Le second largage à lieu peu avant midi alors que je suis toujours à CARPIQUET à plier comme un malade en plein cagnard.
Ce que je ne sais pas, c’est qu’à RANVILLE tout est en train de tourner au vinaigre petit à petit.
La présence des autorités britanniques (le Prince Charles notamment) complique sensiblement les choses.
Notre présence aux côtés du
Parachute Regiment n’est plus souhaitée…et ce qui devait être une saine collaboration avec l’armée tourne au «
chacun pour soit et Dieu pour tous ».
Lamentable !
Vient s’ajouter à cela le traffic aérien et la sécurité.
Alors que notre largage était prévu vers 1700 hrs, nous n’avons aucune nouvelle à CARPIQUET et nous sommes en stand-by.
Nous ne le savons pas, mais notre C47 (que nous avions vu atterrir) se trouvait sur le tarmac de CARPIQUET et notre largueur était à bord avec les D-bags des parachutes du dernier largage, dont nous avions absolument besoin pour les pliages.
Il lui a été interdit de sortir de l’avion pour nous rejoindre tant que des officiels étaient présents sur le site, et cela pendant près d’une heure !!!
Nous voilà avec près de deux heures dans la vue quand nous nous équipons enfin vers 1900 hrs.
Notre C47 est reparti faire un show aérien sur les côte pendant ce temps et doit revenir nous charger après avoir fait le replein à Cherbourg Maupertus.
Là arrive l’incroyable !
Nous traversons le tarmac vers un C47 garé à l’opposée de la tour sur le gazon.
Il nous fait face et nous ne voyons pas que ce n’est pas le bon. Celui-ci; bien que peint aux couleurs du D-Day; n’est pas équipé pour le largage de parachutistes.
Qu’à cela ne tienne, le moral gonflé à bloc nous faisons une belle photo devant le zinc en attendant le retour de notre taxi…
Arrive alors une petite voiturette de golf avec à son bord un jeune homme en gilet jaune qui nous demande ce que nous foutons sur le gazon (sic). C'est un membre du personnel de l'aéroport.
Nous lui expliquons que nous attendons notre avion, et là il nous dit sans détours qu’il n’y a plus aucun avion prévu aujourd’hui sur les plans de vol.
La tour va fermer et nous sommes priés de vider les lieux !!!
Notre largueur tente de rentrer en contact avec notre pilote, mais tout contact est devenu impossible (les réseaux ont été brouillés !!!)
Merci Mr OBAMA !
C’est fini, on rentre, incrédules et dégoûtés.
Le moment attendu depuis plusieurs années vient de s’écrouler pour des détails de timing dont nous n’avons encore aucune connaissance à cet instant.
Nous l’apprendrons le lendemain, après avoir perdu 1 heure à cause de la sécurité de l’aéroport un autre coup du sors à mis un point final à l’aventure.
Lorsque notre C47 est parti faire le plein à Cherbourg il lui a été interdit de redécoller car l’espace aérien entre Cherbourg et Caen (excusez du peu ! ) a été totalement fermé en raison de la présence au sol du Président OBAMA.
Comme les réseaux ont été brouillés, le pilote n’a pas pu nous avertir à temps.
C’est finalement le 07 Juin à 0930 hrs du matin; sous une pluie battante et un plafond bas; que je vais faire mon saut sur la DZ « K ».
Comble de malchance, les rotations vont se succéder tout au long de la journée (5 au total) sur la DZ « K »…sous un soleil radieux.
2014 n’était pas mon année…
Je suis certes content et honoré d’avoir pu au moins faire ce saut, mais il ne correspondait pas à ce à quoi nous nous étions préparés et ne suffira pas à nous faire oublier cet échec, ;ce rendez-vous manqué de RANVILLE.
Autre moment fort du séjour, puisqu’il s’est terminé en beauté par la marche dite « des commandos ».
Marche organisée et menée par le groupe «
France44 » en mémoire des 177 commandos Français du Commandant KIEFFER, débarqué le 06 juin sur les plages d’Ouistreham.
La marche rallie Ouistreham à la « ferme des commandos » d’Amfréville.
Pour l’occasion ; et n’ayant pas de tenue commando Kieffer ; je me suis joint à quelques amis de l’association « Tommy & Caux » pour reconstituer la jonction entre les paras et glidermen de la tête de pont et les commandos.
Après avoir effectué la jonction au pont de Bénouville; plus connu sous le nom de « Pegasus Bridge »; nous avons terminé la marche avec les commandos jusqu’à Amfréville, en agrémentant le parcours de petites saynètes totalement improvisées.
Je félicite au passage les gars qui ont fait l'entièreté de cette marche (+- 18 Km) avec l'équipement commando complet (les commandos étaient partculièrement chargés) et le battle dress en laine sous un soleil de plomb !
C'est là qu'on regrette la douceur; la légèreté et la fraîcheur d'une sympathique M42 !
A l’issue de la marche j’ai rejoint les amis du CLG à Carentan pour un repas bien sympathique ou nous avons échangé nos expériences personnelles de ce 70ème, qui fut manifestement éprouvant pour tout le monde.
Place aux photos…
Les photos proviennent principalement de facebook et sont entre autres des clichés de Sebastien SERAFFIN ; Lilli MARLENE (pseudo d’une photographe amateur hollandaise d’Arnhem) et Nicolas BUCOURT (Tommy & Caux)