- Miss Coca Cola a écrit:
- Oufti! Quel reportage! Vous nous en mettez pleins les yeux là!
J'aime beaucoup le regard des vétérans que l'on retrouve sur plusieurs photos.
Les vétérans étaient particulièrement extraordinaires. Quelle santé !!!
Leur présence donnait tout son sens et tout son poids aux commémorations évidemment.
J'avais déjà fait un petit séjour avec John HUTTON a TEUGE en 2011; lorsqu'il avait repassé son brevet para Hollandais; je le connaissais donc un peu.
Bien que le contexte était différent.
Je l'ai découvert sous un autre aspect ici.
Je ne connaissais absolument pas Herbert MARSH par contre.
Les deux hommes sont totalement différents, voir opposés (et grands copains) mais tout aussi attachant l'un que l'autre.
Herb est calme; posé; mais aussi très jovial.
C'est le
grand-père adoré type.
Comme il me l'a dit lui même, après une lourde opération du coeur il profite de chaque jour qui se lève comme si s'était le dernier.
Il habite Sheffield
Jock est un vrai dur; une "canaille" et un séducteur. Hormis son physique, il a toujours 18 ans.
Il jouit d'une santé de fer. Plusieurs fois je l'ai vu se déplacer très souplement en "
dubble" (petit trop). Incroyable !
Ecossais pur souche; enfant issu de l'assistance sociale il s'est construit tout seul.
Il a fait une carrière militaire complète absolument hallucinante (Parachute Regiment puis SAS) dont la moitié en zone de combat.
L'armée était; et est toujours; sa famille.
Aujourd'hui il vit dans une cité sociale en banlieue ou; à son âge; il a déjà du corriger l'un ou l'autre délinquant qui en voulait à son portefeuille. Triste !
Difficile de lui tirer une émotion...et pourtant...il s'est confié à moi et il m'a dit des choses qui m'ont profondément touchées compte tenu du personnage.
Etant au centre de l'organisation pour une fois, j'ai pu réellement profiter de l'intimité des vétérans, sans la forcer.
A leur gîte nous avons bu des pintes; comme des copains du même âge; à sortir des vannes graveleuses a grand coups de tapes dans le dos.
Mais nous avons aussi partagé des moments de discussions plus profondes, ou leur visage change instantanément, parce que le passé resurgit.
Herbie a fondu en larme dans mes bras au diner, parce qu'il ne s'attendait pas a cet accueil en prenant le ferry à DOUVRE, pour un petit village Ardennais.
Il nous a dit mille fois merci pour ce cadeau (sic) ; un paradoxe !
Contrairement à John HUTTON, Herbert MARSH est un habitué des commémorations en Normandie.
Ce qu'il ma dit nous a valu comme la plus belle des récompenses.
Lorsqu'il nous a remercié pour "
tout ce qu'on faisait pour eux "; je lui ai répondu que c'était les générations passées et avenirs de ce pays qui lui devaient des "
merci" et non l'inverse.
Je lui ai dit que ce n'était qu'un petit évènement de village, sans prétention (ce qui est la vérité) et qu'il devait être habitué à mieux.
Là il m'a dit une chose qui vaut toute les récompenses.
Il m'a dit que nulle part il ne s'est senti aussi proche des gens, il s'est senti chez lui, parce que le gens sont simples et vrais.
Il s'est senti "
invité" et non "
exposé", car a 88 ans il sait faire la différence entre la sincérité et les chasseurs de trophées .
Alors qu'il était prêt et disposé à le faire, il n'a pas été assailli de chasseurs d'autographes (même moi je me rend compte que je ne lui ai pas demandé de signature...dommage d'ailleurs)
Je ne peux que remercier tout le monde d'avoir su créer cette ambiance.
Pour reprendre ses termes, il m'a dit : "
je me suis senti tout le WE comme avec une bandes de potes paras"
Il m'a dit aussi (contrairement à ce qu'on pourrait des fois penser) qu'il appréciait beaucoup les groupes de reconstitution en tenue d'époque.
Il trouvait ça très bien fait et m'avouait qu'il était impressionné et profondément ému en nous voyant arriver à BURE au son de la cornemuse.
Il nous invite à continuer ça.
John HUTTON; tout en étant moins éloquent; m'a plusieurs fois pris de côté pour me livrer un petit témoignage ou me poser une question, mais aussi pour me glisser quelques mots du genre qu'il ne doit pas distribuer tous les jours.
Il se souvenait qu'à TEUGE je lui avait dit "
si tu viens un jour à BURE, je te servirai de guide" et il me l'a rappelé en me disant "
tu as tenu parole; et comment ! Merci mon ami"
Chez John tout était dans l'expression. Son regard profond et perçant et ses gestes valaient toutes les paroles.
Côté témoignages; John HUTTON; qui a vécu les 3 jours de combats au coeur de la mêlée; se souvenait de petits flashs, tels que:
Une porcherie (qu'il ne situait plus avec précision mais qui se trouvait en effet près du couvent à l'époque, à 350 mètres de l'Eglise) dont les porcs divaguaient, cherchant de la nourriture.
Il mangeait les cadavres de leur camarades qu'ils ne pouvaient pas aller rechercher entre les positions.
Alors, ne supportant pas cette vision, ils faisaient des cartons sur chaque porc qui s'approchait d'un mort.
Il se souvenait aussi de l'enterrement des corps (il en parlait souvent) et des religieuses qui tentaient de creuser la terre gelée et n'y parvenaient pas.
Les corps étaient enterrés à fleur de terre, dans les positions dans lesquelles la mort les avait laissé, et des mains; des pieds, dépassaient des tombes à peine creusées.
Il se souvenait aussi avoir enterré une paire de bottines anglaises avec deux pieds et deux bouts de tibias. Tout ce qu'il restait d'un camarade.
Il se souvenait aussi de l'attaque du 03 Janvier dont il s'étonne toujours d'être sorti vivant.
Autre souvenir qu'il situait avec précision 68 ans plus tard; celui d'avoir été suivi par les rafales d'une MG embarquée d'un Panther, alors qu'il battait le records de saut de clôtures barbelées pour établir la liaison entre deux positions.
Et...le froid !
John ayant eu une longue et mouvementée carrière militaire, aimait aussi se souvenir des "
autres guerres".
Il parlait beaucoup de l'Afrique, ou il passé 20 ans, et notamment de la guerre de Rodhésie (actuel Zimbabwe).
Là aussi il avait de sacrés souvenirs, parfois incroyables.
Il est amoureux de l'Afrique.
Herbert MARSH; étant en réserve au moment des combats de 45 ; avait moins de souvenirs concrets.
Il se souvenait avoir passé tout au plus un jour à BURE, et puis avoir fait mouvement tous les jours vers un nouvel objectif.
Son bataillon ne demeurait que 1 ou deux jours à la même place.
Ce mouvement perpétuel ne lui a laissé que de très vagues souvenirs.
Seul regret: qu'ils n'aient pas eu la force de se lever le samedi matin pour nous accompagner pour le "battelfield tour".
Les explications de Michel BOURLAND auraient certainement ravivé des souvenirs enfouis.
Après une nuit de voyage en voiture et ferry, et pratiquement 24 heures sans dormir à 88 ans, on peut leur pardonner
Tous deux veulent revenir l'année prochaine, et c'est tout le mal que je leur souhaite de tout coeur.
Merci "
gentlemen" de nous avoir fait ce cadeau et cet honneur !